FC Rouen : nouvelle saison, nouveau départ ?
Le club de la ville des cent clochers a une riche histoire, mais il reste pourtant assez méconnu du grand public. Matthieu Gudefin, président de la Fédération des Culs Rouges, nous explique que « le FC Rouen était dans l’élite du football français dans les années 60 ». Beaucoup de supporters ont vécu de nombreuses soirées européennes au Stade Robert Diochon, notamment face à Arsenal lors de la Coupe des Villes de foires lors de la saison 1969-1970. Ils finiront notamment à deux reprises à la quatrième place du championnat de France, durant les saisons 1960-1961 et 1968-1969. C’est pour beaucoup un crève-cœur de voir à quel échelon sont retombés les Diables Rouges, surnom de l’équipe. Même si Quevilly était en deuxième division l’an passé, le FCR reste le club de la ville.
Cependant, il peut se vanter d’avoir toujours le soutien d’irréductibles supporters : « Le public de Diochon était réputé pour être un public chaud et il a gardé sa réputation. Aujourd’hui encore, peu d’équipes de Ligue 2 peuvent se permettre d’avoir un aussi beau public que le FC Rouen. » rappelle Matthieu Gudefin. Dans les années 1930, des records d’affluence nationaux sur des matchs de championnat ont même été enregistrés à Diochon, lors du derby normand contre Le Havre. Les anciens ont raconté les belles années du FCR aux plus jeunes, c’est pour cela que les jeunes générations viennent également voir les Diables Rouges.
Récemment encore, l’ex-président François Hollande ainsi que Claude Le Roy, grand entraîneur d’équipes africaines notamment, ont parlé du FC Rouen et des amoureux au nom peu commun, les Culs Rouges, lors d’une interview sur la Chaîne l’Équipe. Cette dénomination est celle « des mordus du FC Rouen sur le modèle des culés catalans à Barcelone, qui ont usé leurs fonds de culottes. »
Le 7 février 2014, 17 personnes décident de fonder la Fédération des Culs Rouges avec pour slogan « Tous unis autour du Football Club de Rouen. On s’est dit qu’on en avait assez de voir le club aussi mal géré. Les amoureux du club au sens large voulaient participer à la reconstruction. On voulait fédérer dans une association. C’était l’idée de départ. De plus, nous voulions tenter de rentrer dans le conseil d’administration du club. » Grâce à eux, de nombreuses archives concernant leur club de cœur ont été recensées, elles sont disponibles sur leur site. Ils ont listé tous les joueurs ayant joué pour les Diables Rouges en équipe première, mais également les internationaux français et étrangers passés par le FC Rouen, les participations aux compétitions européennes ainsi que le récapitulatif de toutes les saisons depuis 1899.
Ils ont ensuite démarché pour atteindre leur objectif. Ils ont ainsi vu qu’à Nantes, les supporters étaient un peu dans la même optique pour protester contre la gouvernance du président Waldemar Kita. « Dès lors, l’idée à terme est de prendre des parts dans le club afin que ce dernier redevienne une société, et non plus une association. On est bénévole au sein du club. On gère le site internet, on réalise les directs des matchs et on prend les photos durant les matchs. On est plusieurs à avoir la licence dirigeant et à avoir candidaté au Conseil d’Administration à trois reprises, en vain. C’était l’époque du projet QRM, où moi j’étais clairement perçu comme anti QRM, donc ça a joué. Ma dernière candidature s’est jouée à très peu de choses. Il y a eu 6 voix pour, 6 voix contre, deux personnes ont changé leurs votes. On n’a pas encore atteint notre objectif de rentrer au conseil d’administration. »
Contrairement au FC Nantes, les relations entre cette association de supporters et le président du FC Rouen sont bonnes. Toutefois, le président des Culs Rouges admet qu’il y a eu des hauts et des bas, et notamment lors du projet QRM ; l’association était contre le projet, donc contre le président. « Il a finalement pu se rendre compte que Quevilly voulait juste prendre la place du FC Rouen. Il a décidé de quitter le projet QRM en décembre dernier, c’est devenu effectif le 1er juillet. On est plus en phase avec la stratégie du club et le fait que le FC Rouen soit indépendant. Les relations sont largement apaisées depuis plusieurs mois. »
De la même manière qu’à la Nantaise avec le pacte Arribas, les Culs Rouges ont réalisé un pacte Diochon. Ils rappellent les valeurs et objectifs de la Fédération des Culs Rouges et les engagements des membres de l’association, à savoir respecter l’Histoire du club, assurer la pérennité du nom historique du club, promouvoir les valeurs des Culs Rouges, redonner la priorité à la formation, valoriser le bénévolat et mobiliser les énergies et compétences des passionnés du FCR pour reconstruire. Les membres de l’association se sont également engagés à recruter de nouveaux bénévoles, en accord avec les valeurs de l’association, faire la promotion du club et de l’association et organiser des actions concrètes pour servir et aider le club.
La saison dernière, le FC Rouen s’est sauvé in extremis de la relégation en R1. Lors de la dernière journée, les Rouennais s’étaient imposés 2 buts à 1 face à Bayeux, devant un bon millier de supporters. Une saison cauchemardesque due aux nombreux entraîneurs qui se sont succédés sur le banc du FC Rouen. De mai 2017 à mai 2018, le club rouge et blanc a connu pas moins de cinq techniciens. « En réalité, deux ont vraiment coaché, trois si l’on compte l’intérim. » avoue Matthieu Gudefin. Il a aussi vécu un 8ème tour de Coupe de France face à Chartres où il a réalisé son record d’affluence de la saison, 2 000 spectateurs. Malheureusement, les Diables Rouges se sont arrêtés là dans leur parcours, avec une défaite 2-0. Les Culs Rouges de leur côté avaient le sentiment que si le FCR plongeait en DH (en Régional 1), c’était peut-être la fin du club. « On a l’habitude d’annoncer le FC Rouen pour mort, il arrive toujours à renaître de ses cendres mais là, ça aurait été compliqué de continuer et de rester au Stade Robert Diochon. Cela paraissait impossible en cas de descente en Régional 1. »
La saison prochaine, David Giguel, ancien Diable Rouge, sera à la tête de l’équipe en tant qu’entraîneur. Il sort d’une saison extraordinaire conclue par une montée en N3 à la tête de Deville Maromme. Cependant, le nouveau coach devra s’adapter avec un budget inférieur à l’an passé (750k euros l’an passé contre 500k cette année) pour construire une équipe qui tient la route. Pour les Culs Rouges, cette saison sera une transition. Le club a réussi à garder son meilleur joueur, Mustapha Benzia, le frère de Yacine qui joue à Lille. C’est l’une des exceptions de l’effectif. En effet, 14 joueurs sont partis, tandis que 12 joueurs sont arrivés. À noter que David Giquel a ramené cinq éléments de Deville Maromme. Les Culs Rouges espèrent ainsi ramener davantage de monde que l’an dernier.
Enfin, concernant le stade, le FC Rouen jouera cette saison dans son stade. Néanmoins, Matthieu Gudefin prévient : « le club devra payer des frais de location de stade » . L’enceinte pourra désormais être utilisée par d’autres clubs de la Métropole : « La Métropole de Rouen soutient le projet QRM, mais ils savent qu’ils ne peuvent pas faire n’importe quoi avec le FC Rouen. ». Voilà qui est dit.
Nelson Emane
Article original: https://dicodusport.fr/blog/fc-rouen-nouvelle-saison-nouveau-depart/