Article Paris Normandie du 24 avril 2016 : QRM B-FCR

Au moment d’affronter la réserve de QRM, les joueurs rouennais n’imaginent pas le FCR disparaître

L’avenir du FC Rouen se joue en partie cet après-midi à Lozai face à la réserve de QRM. Un avenir que certains de ses joueurs imaginent au niveau professionnel… en compagnie de Quevilly-Rouen !
Football – DH : Au moment d’affronter la réserve de QRM, les joueurs rouennais n’imaginent pas le FCR disparaître
Pour la plupart des joueurs rouennais, le FCR doit continuer à faire vibrer Diochon dans les années futures.Quitte à poursuivre sa cohabitation avec QRM… (photo Jean-Marie Thuillier)

C’est une situation « unique en France et peut-être au monde », comme le dit en souriant le gardien Tom Quédeville, dont ils pourront peut-être parler à leurs petits-enfants. Une situation un peu abracadabrantesque de cohabitation sur un même site – Diochon – entre deux clubs, Quevilly-Rouen Métropole et le FC Rouen, qui comporte son lot de vexations lorsqu’on est joueur du FCR : interdiction d’accéder au terrain en herbe de la Ferme pour s’entraîner – les Diables Rouges doivent se replier sur les aires synthétiques des annexes – interdiction de squatter le vestiaire « domicile » du stade Diochon les jours de match – qui a été généreusement ouvert… aux adversaires visiteurs de QRM B le 22 novembre -, report étonnant de la venue des Neiges le 6 mars, alors que les conditions de jeu étaient tout à fait acceptables… Désagréments que la troupe de Romain Djoubri a vécus avec un certain flegme. Elle ne s’en est pas départie lors des jours qui ont précédé le derby retour explosif de cet après-midi à Lozai. « Nous, on est des joueurs, on n’a pas de parti pris. On se bat pour le maillot qu’on porte », explique Grégory Beaugrard, quevillais de 2007 à 2015. « Sincèrement, on ne parle jamais de QRM en mal, on ne leur souhaite pas de malheur, encore moins moi qui ai des amis proches en face (NDLR : Pierre Vignaud surtout) assure le capitaine Jérémy Prieur, lui aussi ancien de l’USQ, beaucoup plus furtivement (six mois en 2012-2013). Tout ce que je demande, c’est de pouvoir continuer à vivre au FC Rouen dans l’avenir. »

« On a l’histoire et les supporters »

Ça, ce n’est pas gagné. Le spectre de la fusion s’est dissipé cette année mais il devrait resurgir en 2017, que le FCR reste en DH ou qu’il monte en CFA 2 : dans le premier cas de figure, QRM pourra plus facilement justifier l’absorption de son voisin, et dans le second, la Fédération a déjà fait savoir qu’elle ne tolérerait plus la participation financière (à hauteur de 1 %) de l’un (le FCR) dans le capital de l’autre (QRM). Sur ce sujet-là, les joueurs se montrent logiquement catégoriques : pas question de voir le FCR disparaître. « Je ne peux pas imaginer ça une seconde. On est en bas et QRM un peu plus haut, mais on a l’histoire et les supporters pour nous. Dans ma famille, on est cul rouge de père en fils », lance le gardien Tom Quédeville. « Ce qui fait l’histoire de ce club et sa force aujourd’hui c’est la ferveur populaire, ses supporters, confirme Beaugrard. Ils sont fanatiques, on ne peut pas les priver de leur passion. » « On est d’ici, on a grandi avec le FC Rouen. Je trouve qu’une fusion n’est pas souhaitable. C’est quand même sympa de voir les deux clubs se tirer la bourre » confie Bigide Ouahbi, autre grande figure quevillaise à avoir changé de trottoir, et qui ne le regrette pas : « Quand j’étais à Quevilly, je ne prenais pas toute la mesure de ce qu’est le FCR. Quand tu vis ça de l’intérieur, c’est impressionnant. »

Ouahbi : « QRM, pour moi, c’est Quevilly »

Un Mohamed Belgacem, au regard plus extérieur (il est havrais d’origine) est sur la même longueur d’onde : « Quand j’étais petit, j’ai connu des derbys HAC – FCR, c’était inoubliable. On ne peut pas effacer cette histoire-là. Je pense qu’il y a de la place pour tout le monde ici. » « Il faut garder les deux entités », appuie lui aussi Jason Gibon, qui a fait toutes ses classes à l’USQ avant de rejoindre le FCR en 2014. Et pousse beaucoup plus loin le raisonnement : « Rouen finira bien par remonter, et peut-être plus haut que Quevilly (sic). »

Bigide Ouahbi va lui aussi jusqu’à imaginer la coexistence de deux clubs pros. « Je souhaite à Quevilly – car pour moi, QRM, c’est Quevilly – de monter en National et en Ligue 2 et au FCR de le rejoindre ensuite. » « En Italie, l’AC Milan et l’Inter arrivent bien à jouer dans le même stade depuis plusieurs dizaines d’années… Pourquoi pas nous ? » lance Gibon. Pour le coup, ce serait plus que jamais un cas unique en France !

ARNAUD RABANY

Un derby pour l’histoire

Cet après-midi, le stade Lozai va vibrer comme il a rarement vibré et comme il ne vibrera peut-être plus jamais. Le vieux stade des Canaris va en tout cas vivre à l’occasion d’un derby au sommet entre la réserve de Quevilly-Rouen Métropole (1er, 71 pts) et le FC Rouen (2e, 61 pts mais deux matches en moins) un moment charnière du football rouennais : soit QRM, un an d’âge, va asseoir sa suprématie nouvelle en « enfonçant » les Diables Rouges ; soit le FC Rouen, dont l’existence ne tient qu’à un fil depuis sa plongée en DH en 2013, renaîtra de ses cendres. Cette saison est peut-être d’ailleurs son ultime chance d’y parvenir.

Des tendances qui seront cependant à confirmer : il restera demain soir cinq matches aux Quevillais, et sept aux Rouennais. Mais les deux équipes ont laissé si peu de points en route jusqu’alors que le résultat aura un impact certain. Surtout s’il est du côté de QRM B, déjà en ballottage favorable. L’entraîneur du FCR Romain Djoubri n’a pas voulu s’appesantir sur la portée historique de l’événement : « L’engouement des supporters et des médias est suffisant, il n’y a pas besoin d’en rajouter. La motivation vient toute seule. Et puis, je n’ai pas attendu le derby pour dire à mes joueurs qu’ils tenaient l’avenir du FCR entre leurs mains. » Et ce même s’ils ne sont probablement pas les seuls. Un Romain Djoubri qui dit en tout cas « apprécier le moment ». « Des supporters qui viennent chanter à un entraînement, comme vendredi, ce sont des moments uniques… » Une délectation que partage son homologue Laurent Sodaguet : « La ferveur que draine le FCR, c’est magnifique. Je préfère vivre des matches pour la montée dans une telle ambiance que des matches pour ne pas descendre comme l’an dernier avec Grand-Quevilly. » Pourvu que tous soient animés de cet esprit de fête tout à l’heure.

A. R.

Article original : http://www.paris-normandie.fr/detail_sport/articles/5593229/sport/football-dh–au-moment-d-affronter-la-reserve-de-qrm-les-joueurs-rouennais-n-imaginent-pas-le-fcr-disparaitre#